« Le Retour de Judith à Béthulie » et « La Découverte du Cadavre d'Holopherne » de Sandro Botticelli à la Galerie des Offices

Vers 1469, Botticelli a peint en même temps deux petits tableaux pour illustrer un épisode célèbre de l’Ancien Testament où Judith, une jolie veuve de Béthulie, décida de se rendre dans le camp des Assyriens qui assiégeaient sa ville pour tuer leur général Holopherne.

Sandro Botticelli, La découverte du cadavre d'Holopherne, Galerie Offices Uffizi, Florence Italie

Découverte d'Holopherne Holopherne avait prévu de passer la nuit avec Judith après l’avoir invitée à un festin dans sa tente ; mais il s’était mis dans un tel état d’ivresse qu’il s’était écroulé sur son lit, et Judith en avait profité pour se saisir de son arme et le décapiter avant de s’enfuir en emportant sa tête avec elle.

Elle s’était hâtée de retourner à Béthulie pour convaincre son peuple d’attaquer dès l’aube.

Au lieu de montrer Judith dans la tente d’Holopherne en train d’accomplir son acte héroïque, Botticelli a choisi d’en représenter la suite.

Un tableau montre les Assyriens horrifiés qui découvrent le corps décapité de leur chef, tandis que l’autre montre le retour triomphal de Judith à Béthulie, qui apporte la tête d’Holopherne en guise de preuve.

Sandro Botticelli (1445-1510) « La Découverte du Cadavre d'Holopherne »

Peinture - Détrempe sur bois (28,5 x 20,9 cm) 1470-1475

Découverte du cadavre d'Holopherne La scène se passe à l’aube, quand les officiers assyriens alertés par l’attaque des combattants de Béthulie viennent réveiller Holopherne et découvrent son cadavre décapité.

Un officier en armure se penche au-dessus du lit et soulève le drap qui recouvrait le corps nu d’Holopherne et constate avec stupéfaction et consternation qu’il a été décapité, pendant que les autres témoins de l’horrible scène se lamentent en fermant les yeux.

Les trois hommes vêtus à la mode orientale debout derrière l’officier en armure semblent les plus affectés par la mort de leur maître.

Découverte du cadavre d'Holopherne Le premier montre son indignation face au méfait en reculant, scandalisé par le crime, repousse la scène en avançant les mains.

Le suivant est secoué par les sanglots et le dernier exprime sa détresse et son impuissance en se tordant les mains.

Le beau cheval blanc qui s’avance à l’entrée de la tente semble partager la détresse et la tristesse des hommes qui l’entourent, contrairement à l’officier vêtu d’un long manteau bleu qui fronce les sourcils et montre sa colère vengeresse en plantant son sabre dans le sol.

Retour de Judith

Sandro Botticelli (1445-1510)« Le retour de Judith à Béthulie »

Peinture - Détrempe sur bois (28,5 x 20,9 cm) 1470-1475

Judith, élégamment vêtue en bleu et blanc, se dirige vers Béthulie en tenant dans sa main droite le cimeterre d’Holopherne et un rameau d’olivier dans l’autre main.

Son beau visage mélancolique est tourné vers Abra, sa fidèle servante qui la suit en portant sur sa tête le panier contenant la tête tranchée d’Holopherne enveloppée dans un long tissu blanc soulevé par le vent.

Retour de Judith Judith apporte la paix à la population de Béthulie après avoir tué avec sa propre arme celui qui voulait la détruire.

L’élégance des deux femmes se dessine par les ondulations de leurs robes, par le flottement du voile et par l’amplitude et la légèreté du pas d’Abra qui se hâte auprès de Judith.

Elles marchent sur un sentier qui domine un magnifique paysage vallonné, où l’on aperçoit des troupes qui combattent au pied des remparts de Béthulie qui se dressent parallèlement au rameau d’olivier de Judith.

Retour de Judith La différence de statut et de caractère entre Judith et Abra s’exprime par leur différence de taille et par le contraste des couleurs de leurs robes.

Abra est plus petite, les traits de son visage sont plus grossiers, et sa robe de couleur vive soulevée par son pas énergique malgré son fardeau montre qu’elle est habituée aux durs travaux.

Le diadème posé sur la belle chevelure blonde ainsi que le pendentif autour du cou de Judith.

Retour de Judith Elle est vêtue d’une robe qui la couvre jusqu’à son joli pied chaussé de sandales dorées, met en valeur sa beauté séductrice, tempérée par le sérieux de son doux visage.

Abra a les cheveux couverts d’un voile blanc relié au panier contenant la tête du vieil Holopherne au visage marqué par l’ivrognerie, confirmée par les bombonnes vides qu’elle rapporte.

Holopherne incarne les excès néfastes de la luxure et de la tyrannie.

Judith incarne les vertus de chasteté et de courage d’une héroïne qui défend la liberté de son peuple.

Retour de Judith La foi et la force morale de cette faible femme ont fait d’elle le bras armé de Dieu qui punit ceux qui incarnent le mal qui répand la souffrance et le désespoir des faibles et des innocents.

De même que David a vaincu Goliath, Judith a vaincu Holopherne parce que l’humilité et la tempérance sont plus fortes que l’orgueil et l’injustice.

David foulant aux pieds la tête du géant Goliath et Judith rapportant la tête d’Holopherne, ces héros de la foi religieuse et de la justice qui incarnaient la force et le courage, étaient devenus les thèmes favoris des mécènes florentins de la Renaissance.

Ces deux héros libérateurs de leur peuple étaient des symboles forts aux yeux des Florentins soucieux de défendre leur république menacée par des villes voisines soumises au régime tyrannique de leurs seigneurs.

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