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Le Campanile de Santa Maria Formosa à Venise - 40 mètres

L'église et le Campanile de Santa Maria Formosa à Venise
Campanile S.M. Formosa
Il n’est certes pas aussi haut que celui de Saint-Marc et bien entendu moins connu.

Il ne penche pas non plus, et n’a donc pas l’aura de celui de Stefano ou de celui des Greci.

Pourtant nous l’aimons bien ce campanile tout rose de l’église Santa Maria Formosa avec son sommet qui ressemble à une pièce montée avec des meringues et de la crème chantilly.

Cela fait des années que nous le connaissons, mais chaque fois que nous arrivons sur le Campo Santa Maria Formosa par le ponte Borgoloco et que le soleil couchant le rosit encore un peu plus, nous ne pouvons pas nous empêcher de nous arrêter un instant pour l’admirer.

Il n’est pas bien grand, à peine une quarantaine de mètres, il est de style baroque et, bien que le projet de sa construction date de 1611, le Campanile de Santa Maria Formosa ne fut construit que bien plus tard, entre 1678 et 1688.



Son architecte était un religieux, du nom de Fra’ Francesco Zucconi.

Le Campanile de Santa Maria Formosa à Venise
Campanile S.M. Formosa
Et il faut bien dire que son campanile est véritablement très original dans sa conception : une tour équilibrée aux formes géométriques, surmontée d’un clocher baroque dont les éléments décoratifs sont des têtes entièrement intégrées dans la structure de la flèche.

De loin, sans pouvoir les discerner, cela fait penser comme nous le disions plus haut à des meringues avec de la crème chantilly.

D’autres, plus religieux ou plus spirituels, ont suggéré que cela faisait penser à un cierge allumé le long duquel la cire aurait coulé puis refroidit en formant des excroissances…

Soit, admirons simplement ce campanile baroque qui donne toute sa force au très joli Campo Santa Maria Formosa.

Sans lui… l’endroit n’aurait certainement pas le même charme.

Le Mascherone du Campanile de Santa Maria Formosa à Venise
Le Mascherone Formosa
Entre autres intérêts, vous pouvez voir au-dessus de la petite porte du campanile, du côté du rio, une créature grotesque, un “Mascherone” dont la fonction était apotropaïque, à savoir que cette figure difforme était destinée à détourner les influences maléfiques !

On ne sait pas si ça marche encore, mais en tout cas il ne détourne pas les touristes ravis de le contempler.

Il faut d’ailleurs savoir qu’au dix septième siècle il était assez fréquent d’utiliser ce type de figure difforme sur les portes d’accès aux campaniles dans l’espoir d’empêcher les mauvais esprits de s’approcher des cloches qui avaient un rôle important dans la vie d’une ville.

L’anglais John Ruskin, célèbre pour son ouvrage sur l’architecture gothique vénitienne, le décrivait comme une tête énorme, inhumaine, monstrueuse, avec un regard bestial et de travers, trop horrible pour être dépeinte ou décrite ou même la regarder plus d’un instant.

Le Mascherone du Campanile de Santa Maria Formosa à Venise
Mascherone du Campanile S.M. Formosa
Pourtant les anglais aiment bien les fantômes et autres monstres du Loch Ness, mais John Ruskin devait donc faire partie des âmes sensibles.

Lorsque l’on pense qu’aujourd’hui nos chers bambins ne jurent que par les monstres présents dans les jeux vidéo et autres, et des monstres souvent bien plus horribles, le “Mascherone” du Campanile de Santa Maria Formosa semble bien innocent dans son rôle d’épouvantail à démons !

Pour revenir au campanile lui-même, sa flèche est couronnée de têtes joufflues qui représentent les vents qui soufflent dans toutes les directions.

Tandis qu’en haut des fenêtres de la cellule, on observe !!!

Théophile Gautier, depuis le haut du campanile de Saint-Marc, voyait le campanile de Santa Maria Formosa comme une flèche blanche au milieu d’un océan de toits et de briques de couleur rouge…

Le Mascherone du Campanile de Santa Maria Formosa à Venise
Mascherone du Campanile S.M. Formosa
Ce campanile bien rose, passant pour une flèche blanche… cela nous a étonnés, et puis nous nous sommes dit que peut être que tout simplement, en 1855, le rose que l’on voit sur les côtés du campanile devait sans doute être plus récent.

Et bien non, Théophile Gautier avait raison car la dernière fois que nous sommes allés en haut du Campanile de Saint-Marc nous avons voulu vérifier et… il était devenu presque tout blanc par contraste avec son environnement !

En tout cas, si vous passez par le Campo Santa Maria Formosa, prenez le temps de le regarder attentivement, il est unique et n’oubliez pas non plus de saluer son pauvre “Mascherone” qui essaie encore aujourd’hui de faire peur aux démons pour protéger les Vénitiens.

Le Campanile de Santa Maria Formosa à Venise
Campanile S.M. Formosa
Qu’il soit rouge de près, et blanc de loin, l’important c’est qu’il soit beau et élégant comme un jeune marié à côté de l’église Santa Maria Formosa.

“Formosa” qui veut dire la toute belle, aux formes opulentes.

L'Heure à Venise : Une manière de compter les heures très... vénitienne !

À Venise, les vingt-quatre heures de la journée ne commençaient pas à minuit, mais au moment de la prière de l'Angélus, soit une demi-heure après le coucher du soleil.

Dans les autres villes italiennes, on avait une demi-heure d'avance sur Venise puisque c'était au coucher du soleil que la journée suivante démarrait.

Le cadran du Campanile de Santa Maria Formosa à Venise
Le Cadran du Campanile S.M. Formosa
Ce qui fait qu'en fonction des saisons et du déplacement du soleil au cours de l'année, on avançait ou l'on reculait l'heure sans cesse sur les horloges, dont évidemment celles des campaniles.

On faisait ainsi régulièrement retarder ou avancer d'une demi-heure, l'heure à la Tour de l'Horloge de la place Saint-Marc :

- L'heure restait la même en janvier, juin, juillet et décembre.

- On modifiait l'heure deux fois par mois en février, mars, août, septembre et novembre.

- On changeait l'heure trois fois par mois en avril et en octobre.

Le Campanile de Santa Maria Formosa à Venise
Campanile S.M. Formosa
Ce n'est qu'après l'invasion de Venise par Napoléon Bonaparte, que cette manière de compter les heures à Venise, vieille de plus de mille ans, fut remplacée par l'heure dite française.

Un Campanile qui donne l'heure de nouveau grâce... aux Français !

Depuis 2013, des Français du Lycée d'Altitude de Briançon, sous la direction de Denis Vialette, assisté de Dominique Dion et de Stéphane Ferraris, spécialistes des horloges d’édifice, entretiennent l'horloge du Campanile de Santa Maria Formosa.

Merci à eux !

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